Les candidats à la présidentielle multiplient les « grand oraux ». Ce jour-là, au restaurant « L’ambassade d’Auvergne », Éric Zemmour, Valérie Pécresse, Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan et Gaspard Koenig se sont pliés à l’exercice, à l’invitation du « Mouvement de la ruralité ». Aucun candidat de gauche ne s’est déplacé, un choix que regrettent les élus locaux et membres du mouvement.
Fièrement installé à côté du chef cuisinier, droit comme un « I » face aux caméras, Éric Zemmour est passé en premier pour manier le manche enduit de fromage fondu… Filer l’aligot, spécialité auvergnate, c’est tisser une amitié solide avec ceux qui le partagent, selon la légende.
Autour de lui, une cinquantaine de membres du « Mouvement de la ruralité », venus écouter les propositions de cinq candidats. Eddie Puyjalon est le président du mouvement :
« C’est probablement la dernière fois qu’on n’est pas candidat à la présidentielle, parce qu’on commence à en avoir assez depuis trente ans, à voir des candidats qui découvrent et qui viennent nous parler de ruralité qu’au moment de la présidentielle ou du Salon de l’agriculture. On est les habitants de seconde zone, à qui on enlève tout et on impose tout. Donc y en a marre. »
Une liste de trente propositions a été formulée par le mouvement. En signant sur un vaste tableau sur lequel sont inscrits leurs noms, les candidats s’engagent à les reprendre. Parmi les mesures phares, ne pas interdire la chasse le week-end, ne pas développer davantage l’éolien… De quoi rendre frileux les candidats de gauche : aucun n’est venu. Yves D’Hamécourt, le porte-parole du mouvement, confie :
« Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste, souhaitait être là aujourd’hui et partage un certain nombre de nos convictions. Sur l’énergie, sur le travail, sur l’agriculture… Donc, clairement, je pense que Fabien Roussel va signer la plupart de nos propositions. »
L’assemblée est essentiellement composée d’élus mais aussi de lobbyistes de la chasse. Stéphane Sens est adjoint au maire d’une commune de Gironde. Il se reconnaît dans le discours de Jean Lassalle :
« C’est le seul qui s’adresse à nous aujourd’hui. On le voit, dans nos campagnes, il y a un vrai intérêt humain. »
Lors de l’élection présidentielle de 2017, le mouvement qui s’appelait alors « Chasse, pêche, nature et traditions » (CPNT) avait apporté son soutien à François Fillon.
Reportage Charles Ducrocq